Suite à de nombreuses discussions au sujet des animaux dont l’issue était presque toujours la même, j’ai récemment conclu qu’il existait dans ce domaine un « négationnisme épistémique » très répandu et susceptible d’être étendu à d’autres régions de la connaissance.
Selon un très grand nombre de personnes non-averties en matière zoologique, les savants spécialistes de la question ne sauraient dire en aucune manière ce qui se passe dans la tête d’un chat par exemple ou évaluer clairement son intelligence. « Qu’en savent-ils ? » est souvent l’interrogation qui revient. À les en croire, ce ne serait pas parce que tels scientifiques ont fait de très longues études, ainsi que de très méthodiques et multiples recherches après avoir obtenu leur doctorat, voire moult prix honorifiques, qu’ils pourraient prétendre en savoir plus que celles et ceux qui n’ont rien fait de tout ça.
Dès lors, qu’en savez-vous, votre chat est peut-être plus intelligent que vous et qu’il ne se donne pas la peine de vous le faire savoir tout bonnement parce qu’il n’a pas ce désir fou de vous convaincre et qu’il est bien plus avancé dans la sagesse que vous ne l’êtes ? Il parle, tout comme nous, mais nous ne le comprenons pas etc. Il ressent et pense à sa façon, a une vision d’une monde qui nous échappe etc.
À de multiples reprises, je me suis retrouvé incapable de répondre face à une personne qui soutenait sans s’en douter la thèse « négationniste épistémique » tant j’étais sidéré par l’inculture et l’ignorance qui permettaient ce point de vue.
Étrange fonctionnement en effet et qui n’est pas sans rappeler d’autres formes de négationnismes comme celui qu’implique la thèse créationniste fondamentaliste qui vit le jour dès la proposition de la thèse de l’évolution par Charles Darwin en 1859.
La Genèse ne nous dit-elle pas que le monde fut créé en 6 jours, de même que les animaux le furent « achevés » et indépendamment les uns des autres, excluant ainsi toute forme d’évolution ?
Nul doute que les créationnistes sont dans leur ensemble irrationnellement attachés à la foi qui leur fait penser que l’Ancien Testament (étant notamment la Genèse écrite sous la dictée de Dieu par Moïse comme le dit la tradition juive) est un livre de sciences naturelles et d’Histoire auquel, en aucune manière, les manuels scolaires ne peuvent avoir la prétention de se substituer. C’est cette posture spécifique que l’on qualifie d’obscurantiste dans la mesure où elle tient pour nulle toute connaissance accumulée au large du livre jugé initial.
Je vous laisse étendre à d’autres domaines cette posture; elle est très répandue de nos jours. Bien sûr, nous ne saurons jamais tout et la science n’édicte jamais que des vérités provisoires susceptibles d’évoluer avec ce qui vient réfuter certaines de ses hypothèses, voire de changer complètement de paradigme à la faveur d’une hypothèse plus économique (je fais allusion au principe fameux du rasoir d’Ockham), contrairement aux convictions intimes, aux idéologies, aux religions et à certains systèmes psycho-soignants qui eux ne sont pas réfutables et retombent toujours sur leurs pattes, mais… Nier l’existence d’un corpus accumuler pendant des siècles et ce, dans tel ou tel domaine, me paraît inquiétant.
L’être humain est ce que l’Univers en 13800000 d’années a produit de plus sophistiqué, à quoi nous pourrions rétorquer que les sociétés humaines sont ce que l’Univers a élaborer de plus complexe, et s’il est vrai que nous sommes capables du pire, il est ahurissant à mes yeux que l’on puisse imaginer que les animaux non-humains ne nous sont pas inférieurs en conscience et en intelligence.
Cette infériorité prétendue ne nous autorise cependant pas à les maltraiter ou à les massacrer… Bien au contraire. Parce qu’ils sont à la merci de notre surpuissance, nous nous devons de les protéger.