Pour celles et ceux qui ne savent pas ce qu’est le transfert en psychanalyse, sachez qu’il est l’outil privilégié de tout psychanalyste et peut représenter un danger pour lui.
Qu’il soit positif ou négatif (ou les deux alternativement), le transfert est avant tout le fait pour un patient de reporter sur son analyste des sentiments qu’il éprouvait pour l’une ou l’autre des personnes « interdites » et « significatives » de son enfance ; à savoir ses parents directs (le plus souvent). Dès lors, en prenant acte de ce « re-(s)senti », de ce « re-vécu », le psychanalyste va tâcher de donner dans l’après-coup une tournure différente à la relation que son patient entretenait avec eux dans le but de lui permettre une progression vers sa maturité psychique qui suppose un détachement vis-à-vis des personnes qui l’ont élevé ; ainsi qu’une intégration de l’interdit de l’inceste notamment.
Comme évoqué plus haut, il peut arriver que des patients tombent plus ou moins consciemment amoureux de leur psy ou le détestent spontanément, voire soient à tour de rôle traversés par ces deux sentiments et forgent dans un même temps tout un discours, toute une fantasmagorie venant en lieu et place de la vérité de la relation thérapeutique et ce, à l’avantage ou au détriment du praticien.
Dans le cas du transfert positif, il est aisé de comprendre ce qui est en jeu. Dans la mesure où le psy se doit déontologiquement d’être aussi inaccessible que le sont les parents, c’est l’assimilation de cet interdit et la capacité à la frustration, de même que la castration symbolique qui vont devoir être intégrés.
De son côté, le transfert négatif peut être considéré comme le souvenir inconscient d’un sentiment violent à l’égard du gardien du parent désiré. L’objet du désir pouvant être son propre gardien (dans le cas des familles monoparentales par exemple).
Le psychanalyste étant exactement celui que le patient ne saurait séduire, certaines ou certains s’éprennent « précisément » de lui et rejouent ainsi la relation œdipienne initiale. D’aucuns iront jusqu’à refuser cette impossibilité et formuleront plus ou moins clairement leur amour pour leur psy dans l’espoir de le conduire jusque dans leur lit. D’autres, plus pervers, ne supportant pas son refus lui attribueront ce désir par un phénomène de projection (ou de renversement projeté).
Ces mêmes personnes se lancent toujours, semble-t-il, dans des histoires systématiquement violentes et malheureuses, sont attirées par les indécis(es), les maris ou les épouses, les prêtres etc., jusqu’au dénouement, à la prise de conscience, à la rencontre qui leur permet d’ouvrir ce cercle… Vicieux.
® Thierry Aymès