Aujourd’hui, jeudi 7 avril 2022 à 10h21, je vais tenter de parler du film réalisé par Zabou et sorti en 2006 dans les salles de cinéma.
À me fier à la photo sur la boîte du DVD, je ne m’attendais pas du tout à ça. Je m’apprétais à prendre un plaisir simple, à respirer un peu avant de retrouver mon lit. J’espérais un parfum « à la Pagnol ».
Mais l’esthétique du film de Madame Breitman est très singulière, l’atmosphère subtilement dérangeante. Entre mauvais rêve et allégorie sorcière, je fus tout d’abord dérouté, puis crus comprendre assez vite la logique profonde de l’histoire qui se déroulait sous mes yeux. Charles Berling y joue le rôle d’un homosexuel désabusé, rétif à l’amour, à l’attachement qu’il semble impliquer. Il n’aime pas le couple et lui préfére la solitude. C’est un sourire énigmatique accroché au visage, qu’Il atterrit très vite au sein d’une famille, en même temps que d’une tribu d’amis en vacances dans une immense demeure traditionnelle du Luberon. L’on croit tout dabord au bonheur de tous que de magnifiques prises de vue nous offrent à coup de tableaux colorés et entêtants. Les paysages sont sompteux, les musiques sans chichi expriment en doublon ce que l’on voit : des enfants heureux, des amoureux à peine grisés par un vin qui accompagne un Mistral quasiment omniprésent et sans grande violence.
Le fil conducteur du film est sans aucun doute le dialogue entre Berling et Bernard Campan; l’impact du premier sur le second, la supériorité de sa noiceur brillamment exprimée sur l’esprit plus élémentaire de son interlocuteur dont on comprend que le trouble va au-delà d’un soudain questionnement métaphysique. C’est alors que la machine semble se dérégler en nous conduisant progressivement vers les coulisses de ce qui nous sauta premièrement aux yeux. Une inquiétude avance qui interdit peu à peu le chromatisme initial. Nous est alors livrée la part sombre de chacun, sa solitude, son combat intérieur. Les masques tombent peu à peu qui rendent notre marche vers la fin du long-métrage plus pénible à chaque pas. Les enfants eux-mêmes deviennent inquiétants et un quatuor à cordes, dans une cabane de fortune, nous raconte en pleine nuit l’inconvénient d’être né homme ou femme, le malheur d’aimer, en même temps que celui de résister à l’amour. La femme de Campan (Léa Drucker) semble pour finir être submergée par des bouffées délirantes qui viennent troubler un peu plus notre lecture du récit. La « noche Oscura » s’épaissit et nous surprend à peine. Les images s’enchaînent les unes aux autres qui ne nous laissent pas le tend de respirer, à l’instar du père de Berling dont on devine qu’il finit par mourir dans une chambre d’hôpital (psychiatrique ?), son fils unique allongé à ses côtés qui, semble-t-il, ose enfin l’aimer.
Je me pose alors la question suivante : de qui l’homme est-il la vie (revoir le titre) ? Du père de Monsieur Berling ou du mari de Léa Drucker ?