Si d’aventure, il vous est arrivé de dire sur un ton solennel que, tout comme Voltaire, et en pur républicain hyper-tolérant, vous vous battriez pour qu’une personne avec laquelle vous n’êtes pas du tout d’accord puisse continuer à exprimer ce qu’elle pense, sachez que ce cher Voltaire n’a jamais écrit cela et que si de nos jours, ce cher philosophe genevois et systématiquement cité pour défendre une totale liberté d’expression, c’est en définitive à une certaine auteur(e) anglaise Miss Evelyn Beatrice Hall (pseudo = S. G. Tallentyre) que nous devons cette expression avec laquelle nous pouvons néanmoins être d’accord, mais en cessant de l’attribuer à François-Marie Arouet (dit Voltaire).
Dans son ouvrage intitulé : « The Friends of Voltaire », Miss Hall commet l’erreur d’écrire une phrase entre guillemets alors qu’elle n’est que son œuvre à elle :
» I wholly disapprove of what you say and will defend to the death your right to say it. »
L’auteur(e) britannique a ainsi tenté de résumer la pensée de Voltaire au moment de sa prise de position dans la fameuse affaire Helvétius, l’un des philosophes qui contribua à L’Encyclopédie. Son livre, « De l’Esprit », irrita profondément Voltaire qui qualifia le texte de « fatras d’Helvétius » dans une lettre à de Brosses du 23 septembre 1758 – MAIS il lui apportera son soutien face aux attaques virulentes dont il sera victime après la parution de son ouvrage.
Il est vrai que, dans ce contexte, la phrase prêtée à Voltaire ne paraît pas dépasser sa pensée, mais de là à la systématiser…
Voilà, vous savez tout.
© Thierry Aymès