En psychanalyse, 3 concepts me paraissent intéressants :
a) La résistance
b) La rationalisation
c) La sublimation
Je m’intéresserai pour l’heure au second.
Rationalisation : À ma connaissance, ce terme a été introduit dans le vocabulaire psychanalytique par Ernest Jones vers 1910 (à vérifier).
On a coutume de nommer rationalisation le processus par lequel telle personne considère comme des choix personnels dictés par une attitude rationnelle et libre ce qui est plutôt le résultat d’un désir inconscient
Que penser alors d’une psychanalyste qui prétend connaître clairement les raisons pour lesquelles elle est irrésistiblement attirée par un personnage médiatique dont elle ou il imagine pourtant aisément l’insupportable égocentrisme ?
Que penser de ces propos lorsqu’elle affirme : « Je ne suis pas dupe, mais j’ai envie de me payer ce petit plaisir ! »
Étant donné sa profession, il est certain que son argumentation ne serait pas défaillante…
Sans doute dirait-elle des choses du style : « je sais ce que je fais, je l’assume. C’est une histoire entre deux personnes adultes et consentantes ; le fait qu’il m’ait dit qu’il n’avait qu’une heure à me consacrer n’est pas humiliant, c’est un homme très sollicité tellement il est brillant, et puis… Je suis libre de faire ce que je veux avec mon corps etc. »
Or, si la rationalisation est in fine la justification déformante d’un désir inconscient, redoutable pour le sujet, d’une pulsion inavouable, (d’où l’expression : « elle ou il se raconte des histoires ! »), ne suis-je pas autorisé à penser que cette personne, ce disant, rationalise son désir sans être parvenue une seconde à s’extraire du piège où elle retombera toujours…Avec son consentement (à elle) ?
Ne puis-je pas penser qu’elle refuse tout bonnement de s’avouer être le jouet de ses pulsions ?
Le consentement en question, même lorsqu’il est intelligemment défendu, ne pourrait-il pas être, selon la psychanalyse elle-même, un travail de déformation salutaire pour qui ne veut, voire, ne peut plus s’avouer qu’il ne parvient pas à résister à son désir sexuel par exemple?
Il apparaît alors clairement que la psychanalyse peut voler au secours de cela même qu’elle dénonce en proposant un argumentaire substantiel à qui ne parvient pas à se rendre maître de ses pulsions. Allons même jusqu’à penser que l’édifice psychanalytique tout entier pourrait être tenu à raison pour ce que les spécialistes eux-mêmes appellent un « délire compensatoire ».
Qu’en pensez-vous ?
© Thierry Aymès