De nos jours, étant donné la psychologisation et le procédurisme grandissant en matières de relations dites « conjugales », ne devient-il pas progressivement dangereux de s’engager dans une histoire d’amour? Beaucoup de personnes ont désormais tôt fait semble-t-il d’identifier rétrospectivement leur attachement et leur incapacité à se défaire de leur conjoint comme le résultat d’une manipulation dont elles auraient été les victimes. N’y a-t-il pas là une dérive en train de se faire? De « séduisant » et « charismatique » à « prédateur », « manipulateur » et « pervers narcissique », n’y a-t-il pas un saut que seules les personnes en possession d’un savoir psychologique certain peuvent faire?
De même, nous le savons, certains mots de la psychanalyse freudienne ou de la psychologie des profondeurs jungienne sont tombés dans le langage courant non sans déformation. Ainsi le mot « complexe » et l’expression: « c’est dans l’inconscient collectif » connaissent-ils un franc succès de nos jours.
La souffance sentimentale, jointe à une connaissance non-maîtrisée de certains concepts peut être terriblement dangereuse, et d’autant plus si elle rencontre l’assentiment conjoncturel.
Il existe cependant bel et bien des pervers narcissique et des prédateurs… Au masculin comme au féminin.
© Thierry Aymès