Aujourd’hui, je commence par vous donner à lire le message que m’a adressé une habitante du petit village d’Aureille situé à 29 km de chez moi. Il m’a fait chaud au coeur. Lisez plutôt :
» Une habitante d’Aureille vous dit merci ! Cela fait longtemps que j’ai noté vos coordonnées et je ne manque pas de parler de vous à ceux et celles autour de moi, qui pourraient avoir besoin de vous ! Je suis très reconnaissante non seulement envers votre très grande générosité mais également votre humanité, votre empathie et surtout, surtout votre belle philosophie ! Vous deviez être un super professeur qui mérite un grand respect ! Je ne peux m’empêcher de penser à mon film culte en vous voyant : l’acteur génial qu’était Robin Williams et qui incarnait le rôle de ce prof génial qui voulait faire prendre conscience à ses élèves qu’il y avait autre chose à rechercher, bien plus loin que sur les bancs de l’école ! Vous savez certainement de quel film je veux parler ! Bravo pour tout ce que vous faites, ce que vous écrivez, ce que vous enseignez ! Vous faites du bien ! Je vous rendrai visite ! ».
Je me suis bien entendu précipité dans une salle de cinéma lorsque « Le cercle des poètes disparus » est sorti en 1989. Après quelques années à Paris et une vadrouille qui les ont suivies, je devais être de retour dans le sud avec mon actuelle meilleure amie qui était alors ma compagne. Ce film m’a évidemment marqué. À cette époque, je ne savais pas que je serais « prof » un jour ; il était impossible que je le devinsse, tant ma détestation de l’école avait été grande. Mais un déroulement singulier de ma vie en a décidé autrement et je le fus pourtant durant presque 20 ans… À ma manière cependant… Et au grand damn de certains…
Dès la deuxième année, mes élèves se souviennent certainement encore du très gros piège dans lequel j’avais décidé de les faire tomber pour les sensibiliser au pouvoir des médias et des autorités en général et pour les faire accoucher de leur esprit critique (Ils doivent avoir entre 44 et 45 ans aujourd’hui).
Un fax en provenance du CNRS de Toulouse m’était parvenu dans la nuit, et j’y avais découvert que, pour la première fois au monde, un chien issu d’une manipulation génétique entre un Rottweiler et un Whippet venait de s’exprimer en allemand et s’était exclamait : « Eh bien, ce n’est pas trop tôt, j’en avais assez de cette vie de chien* ! ». Faux documents à l’appui, fausses citations en guise de renforts, l’air dévasté, les cheveux en bataille et la voix tremblante, je pense pouvoir affirmer que tous mes élèves étaient tombés dans le panneau. C’était à Beaucaire, en 1995. À l’instar du petit village de Béthléem qui a vu naître celui qui deviendrait le Christ, le tout petit lycée où je travaillais alors était devenu le centre de tout, le lieu privilégié d’une Première qui allait bouleverser le monde dans les heures qui suivraient…
Mon traquenard pédagogique ne fut pas du goût de tous, mais sans doute eut-il à plus ou moins longue échéance l’effet que j’escomptais.
Merci encore à cette Dame pour son si gentil message. Bien que je n’aie pas adopté la posture psycho-soignante qui est la mienne aujourd’hui pour en être remercié, je suis heureux et renforcé dans mon désir de poursuivre dans cette direction lorsque je reçois ce genre de déclarations.
Très bonne journée à toutes et tous.
Thierry
* Nun, es ist nicht zu früh, ich habe genug von diesem Hundeleben.