Aujourd’hui, vendredi 20 mai 2021 à 13h13, je viens de rouvrir « La connaissance du soir » de Joë Bousquet dans la collection NRF Poésie/Gallimard. Un peu plus d’une semaine que je l’attendais. 17 ans que je l’avais perdu dans un incendie avec un peu moins de 4000 autres livres. À la page 57, je lis :
Survis au jour, il est une heure
Où la lampe est pleine de fleurs.
Si mes peines sont ce qui pleure
Amour, c’est de moi que je meurs.
Je n’ai pas eu besoin d’aller plus loin pour reconnaître ce qui m’a foudroyé voici 43 ans. Au Puy-en-Velay, dans une toute petite librairie dont j’ai malheureusement oublié le nom, j’avais été irrésistiblement attiré par un titre dont je présentais qu’il annonçait un trésor… Mon trésor. Celui d’aujourd’hui, encore. Que de détours m’aura-t-il fallu faire pour y revenir ? Combien de fois aura-t-il fallu que je me perde pour le retrouver ? De ce royaume, j’ai vu le monde à jamais. Mon cœur pour lui est intact. C’est la bonne nouvelle. Rien ni personne n’est venu à bout de cet amour-là. Jamais je ne le renierai… Jamais plus, je ne le dissimulerai.
Mais pourquoi donc un homme à ce point différent de moi a-t-il pu me toucher aussi puissamment, aussi durablement ?
Le même mystère sourd également aux pieds de mon adoration pour le jazz hyperboréen qui survint dans ma vie à la même époque.
© Thierry Aymès