Il me dit qu’elle s’éteint, qu’elle n’a plus le même éclat. Ces temps-ci, il lui arrive de regarder quelques photos au hasard. Il ne lui aura fallu qu’un peu plus de 2 années pour la défigurer. Il faut dire qu’il n’y est pas allé de main morte. Au nom de l’honnêteté, il lui a dit ce qu’il aurait dû taire, ce qu’il n’a pas su garder silencieux. Tout y est passé : son corps, son âme.
Il est malade… De cette maladie que certains appellent l’intelligence. Elle a bon dos l’intelligence quand elle piétine l’amour le plus simple… Le moins réfléchi ! À s’y méprendre, elle ressemble à la haine. Alors, Marie se révolte de temps à autre. Sans vraiment croire à sa colère. Elle sourit toujours un peu après avoir crier.
Se rend-elle compte qu’il la déchiquette chaque jour un peu plus ? Non, je ne le crois pas. Mais pour l’instant, il n’y peut rien. Il s’en veut. À l’en croire, elle l’aime… Avec ses épines… Bien plus nombreuses que ses pétales. Si ce n’était son parfum par intermittence, il y a longtemps qu’elle serait partie. C’est ce qu’elle dit. Elle ne sait pas pourquoi elle l’aime, c’est bien la preuve qu’elle dit vrai quand elle lui dit : « Mon amour! ». Il l’envie.
Il n’a pas la force de la quitter. Il sent confusément qu’il perdrait gros. Les anges ne courent pas les rues… Même s’ils sont bourrés de défauts. Alors, il lui arrive de prier. « Christ, donne-moi la paix ! ». Quarante ans que ça dure. Il pleure. Je le regarde et me tais.
© Thierry Aymès