Si comme le prétendent les bouddhistes, l’impermanence est la loi, alors qu’advient-il de la promesse, de la parole donnée, de la fidélité, quel que soit son objet ? C’est la question que je me pose aujourd’hui.
Promesses, paroles données et fidélités ne sont-elles pas autant de défis lancés à cette impermanence ? Ne sont-elles pas comme l’intuition d’une réalité que l’homme se doit de faire advenir par-delà la fluctuation des apparences?
À ce jour, je ne suis pas bouddhiste, et notamment pour cette raison. Je crois à ce qu’il convient de créer, quitte à ce que cela demande effectivement un effort colossal. Je pense à Thalès qui s’interroge et demande en substance ceci : « Qu’est-ce qui persiste derrière tout ce changement ? ». Car ne faut-il pas que ce changement soit le changement d’une réalité inaltérable ? De même, l’identité de chacun ne se perpétue-t-elle pas au travers des variations psychologiques et émotionelles que nous connaissons tout au long d’une vie ? Pourquoi en irait-il différemment de la réalité ontologique* ?
En promettant ceci ou cela, je promets avant tout d’être plus fort que ce qui pourrait me faire changer de cap. En donnant ma parole, je parie que rien ne pourra me détourner de ce don. En choisissant d’être fidèle, je pose l’existence d’un lieu en l’homme, suffisamment en retrait pour me soustraire aux fluctuations dès lors superficielles.
© Thierry Aymès
* Qui concerne l’Être.