Hier, j’ai surpris un gecko en train de s’enfuir à mon approche. Je ne lui voulais pourtant aucun mal. J’en ai immédiatement conclu que la vie fuyait la vie… Dans le but de se prolonger le plus possible. La vie, au travers des vivants qui la manifestent, de tous ces êtres, petits ou grands, de toutes ces entités vibrantes et qui en sont l’expression. La vie se soutient paradoxalement de se fuir.
Partout autour de vous, vous verrez la vie se cacher, se retirer, se faire discrète autant que possible, autant qu’il se peut pour se maintenir en son état.
Pour peu que vous ayez à faire à une vie sauvage, c’est une évidence, la vie a peur par nature. Elle pressent le danger qu’il y a à se laisser approcher… Par elle-même.
Les oiseaux s’envoleront si vous vous dirigez vers eux et même les plus puissants des animaux ne vous sauteront dessus que s’ils n’ont pas le choix, poussés qu’ils seront par un vouloir-vivre.
La vie se terre pour se garantir une durée maximale. Elle est, étrangement, son propre péril, et se mange, et se nourrit d’elle-même, et se tue, et ressuscite de ce meurtre que l’on dit « sacré ».
Dès lors est-elle tout autant la mort.
Et sans doute est-ce de ce cercle vicieux « biologique » que certains êtres humains entendent s’extirper en visant un ailleurs dont ils disent à chaque pas le souhait.
Une vie a-biologique, une vie spirituelle dont la mort serait l’absente.
© Thierry Aymès