SE (Re) METTRE EN QUESTION

Souvent, il m’arrive de m’interroger au sujet d’une expression courante, comme d’autres s’émerveillent les nuits d’illunation* ? Celle-ci est très intéressante.

Elle sous-entend comme un dédoublement faisant apparaître l’analyste en même temps que l’analysé. Étrange phénomène qui ne fait que marquer un peu plus la spécificité de la conscience dont le propre est de faire de l’humain un être qui n’est jamais exactement ce qu’il est, qui ne coïncide pas avec lui-même.

Nous serions donc à même de nous « mettre en question », c’est-à-dire de ne pas nous contenter d’être ce que nous sommes, bien que déjà scindés. La « mise » ou la « re-mise » en question prendrait acte de cette division pour en faire un outil de perfectionnement, d’ajustement. La personne invitée à se (re)mettre en question doit se tourner vers elle-même pour procéder à quelques réglages en direction d’autrui dans le but d’assainir sa relation avec lui.

Mais dans ce cas, qui questionne qui ?

Quel est ce sujet qui met en question ce quelqu’un qui, de fait, est objet ? Et qui, dans ce cas, valide le jugement du premier ?

À moins de faire appel à une entité tierce, nous sommes là face à ce que les philosophes appellent une question aporétique, autrement dit, une question « cul-de-sac ».

D’où sans doute la nécessité d’un vis-à-vis, d’une personne avec qui travailler sur soi ; cette personne pouvant être un thérapeute.

La dualité débouche sur une impasse, tandis qu’une parole tierce la sauve de cette voix sans issue.

© Thierry Aymès

* Néologisme construit sur la base de celui qu’Arthur Rimbaud forgea en 1871 en proposant le verbe « illuner » dans « Les poètes de sept ans » pour signifier le fait d’être éclairé par la lune.

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