L’ÉGOCENTRICITÉ HUMAINE

Si, comme je le pense, la vie animale brute, la vie animale la moins consciente, a une tendance paranoïaque manifeste (il n’est que de tenter d’approcher quelque animal que ce soit pour s’en persuader, à moins qu’il ne soit outrancièrement domestiqué), que penser des personnes que l’on dit égocentriques ? Ne vont-elles pas à rebours de cette paranoïa en faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour attirer les regards et les désirs au lieu de les fuir pour s’en protéger ? Et si oui, peut-on s’autoriser à conclure que les égocentriques sont ainsi dans la mesure où ils sont très certainement animés par une pulsion de mort ?

Non ! Je ne le crois pas. Bien que certains égocentriques aillent jusqu’à se détruire ou tenter de se suicider pour attirer l’attention de leurs semblables, m’est avis qu’ils sont avant tout mus par une pulsion de vie et se sentent au contraire menacés par l’indifférence de celles et ceux qui les entourent. Ils ont comme l’intuition de leur être dont le propre est d' »être-avec » plutôt que « d’être-coupé-de ». Si comme l’a écrit Paul Ricoeur : « Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui », alors je ne puis être moi-même qu’à condition d’être ontoliquement* lié à un autre que moi-même. Dès lors, vouloir attirer l’attention ne fait que manifester cette peur de n’être pas orinellement lié à autrui et conséquemment de n’être pas né à la communauté humaine; non pas un désir de mort, mais de vie.

* Dans mon essence même.

© Thierry Aymès

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