QUI A TUÉ LA GRÂCE ?

« Ne rien laisser au hasard ». Cette expression pourrait passer inaperçue, si elle ne signait pas, l’air de rien, la mort de la grâce et conséquemment de la gratuité. Intéressante remarque. Je me la suis récemment faite à l’occasion de mon habituel vagabondage pré-morphique, c’est-à-dire juste avant de m’endormir vers une heure du matin.

En effet, à vouloir tout contrôler, à tout calculer en fonction de nos intérêts ou de ce qui paraît cher à nos coeurs; à vouloir réduire le hasard à un très subtil enchaînement de causes et d’effets maîtrisable, nous ne donnons aucune chance à la grâce dont le propre est très précisément de ne pas s’inscrire dans quelque mécanisme que ce soit.

Parler de la grâce, ne revient-il pas au final à présupposer l’existence d’un point de liberté inconditionné, situé hors de la machine-monde ? Bien sûr que si ! Grâce et miracle, même combat.

Quand, par association, l’on pense avec Céline que « Seul ce qui est gratuit est divin », entendons par « gratuit », ce qui procède effectivement de la grâce, du coeur, de l’amour désintéressé, alors, demander une rémunération devient une grossièreté.

Grâce, gratuité, gratis… Nous y voilà !

Reprenons : À désirer conjurer le hasard dont nous précisons en définitive qu’il n’existe pas, à souhaiter que tout soit « sous contrôle », « sous la main », « à disposition », nous faisons conséquemment du monde et de notre existence des marchandises que la plupart d’entre nous ne peuvent pas s’offrir.

Ce qui n’est pas gratuit a un prix, celui de l’orgueil des hommes à vouloir tout soumettre, tout vendre, tout échanger dans le but de croître d’une mauvaise croissance.

CONCLUSION : L’assassinat de la grâce par le biais d’une volonté de contrôle absolu du hasard assimilé ni plus ni moins qu’à une très fine mécanique, a très certainement été perpétré par un entrepreneur avare et avide de pouvoir que la notion même de gratuité mettait hors de lui. Ceci dit en ne plaisantant presque pas.

® Thierry Aymès

Un commentaire

  1. Winsberg Emma dit :

    Très beau regard sur la grâce cher Thierry; Donner une chance à la grâce , oui, ça me parle. Aussi bien dans le sens spirituel que dans mon quotidien.
    De manière très pragmatique, j’entr’apercois la nécessité de saisir cette  » gratuité », cette bienveillance.. qui dans notre humanité échoue si souvent…
    Il n’y a ici peut-être rien de naturel, mais l’expression la plus juste de notre indigeance à donner gratuitement ce que gratuitement nous avons reçu d’en haut.
    Ce don de soit, cet amour sacrificiel est certainement la plus haute forme de nous même .

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