Après avoir lu un livre signé par Guy Gilbert, j’ai eu une discussion avec un membre de ma famille au sujet du genre humain. Nous ne sommes pas tout à fait tombés d’accord.
Alors que sa vision est pessimiste et n’envisage l’avenir que comme une répétition infinie de ce qui fut, à savoir une succession de guerres et, dans le meilleur des cas comme un entremêlement indépassable d’amour et de haine, je pense pour ma part qu’au-delà des faits, il est depuis longtemps des femmes et des hommes comme des graines d’humains qui finiront par être majoritaires. On en trouve dans toutes les religions, mais aussi en philosophie et ailleurs, dans l’anonymat le plus total, plus ou moins actifs, plus ou moins prosélytes.
Guy Gilbert est une graine parmi tant d’autres. J’ai aimé le retrouver. Des années que je ne l’avais plus lu. Il est le signe de l’homme qui vient. Mais l’humain en chacun de nous, tel qu’il le sait en route n’est sans doute pas encore pour demain. Il faut imaginer l’histoire de cet avènement sur un temps long, et l’on peut aisément comprendre l’impatience de certains qui souhaiteraient qu’il se presse un peu à une époque où le temps et l’espace rétrécissent comme une peau de chagrin.
Patience donc ! La pulsion animale, toujours elle, l’instinct de conservation, le désir de nous perpétuer dans une progéniture, et les traits psychologiques qui découlent de cette réalité, nous tiennent encore prisonniers… Pour longtemps ; mais il n’est pas écrit que ce qui fut sera toujours, qu’Eros et Thanatos n’en finiront jamais d’être tour à tour vainqueurs ou que Freud avait raison lorsqu’il le croyait.
© Thierry Aymès