PAS MON GENRE

J’ai de la chance ! Je me sens en phase avec mon appareil génital. Par les spécialistes de la question, je suis dit « cis-mâle ». Ouf ! Je fais partie du plus grand nombre. Mon sentiment d’appartenance est traditionnellement sauf. Je n’ai pas à le chercher. Je suis né avec. Si Dieu existe, permettez-moi de le remercier. J’ai déjà suffisamment de mal à exister…

En revanche, les transgenres non-binaires sont beaucoup plus rares… Et conséquemment plus précieux, je suppose. Vous vous demandez ce qu’il faut entendre par là ? C’est très simple. Il y a des personnes nées hommes qui se sentent femmes, font en sorte d’acquérir certains signes extérieurs de féminité, mais ne renoncent pas pour autant à leurs barbes dans la mesure où elles refusent de faire allégeance à un « cliché ». What else ? Rien de plus. Choisir son camp entre deux (ou 3) ne sera bientôt plus d’actualité. Aujourd’hui, 9 février 2023 à 13h24, nos adolescents ont la possibilté de choisir entre 72 identités de genre… Et sans doute ce chiffre n’est-il que provisoire. Un nouveau marché est ouvert.

À en croire l’écrivain, éditeur et haut fonctionnaire Guillaume Dustan, en un sens, celui qui se dit purement homme est probablement un être sans nuances, très peu attentif aux remous infinitésimaux de son âme, un individu primaire et servile, docilement construit sur la base d’une définition caricaturale. Idem pour celle qui prétend être absolument femme. À vos loupes ! Si vous plongez en vous-même, nul doute que vous trouverez bien autre chose que celle ou celui que vous croyez être. Alors, prenez votre cabas et visitez la gondole pour les « non-cis » dans ce nouveau supermarché.

Plus sérieusement, et à y regarder de plus près, les aficionados des études de genre sont des existentialistes TROIS POINT ZERO. Ils refusent les essences, entendez par là qu’ils ont horreurs du diktat des a priori , des déterminations normatives, des délimitations emputantes et leur préfèrent l’invention individualisante, la création adaptée, le sur-mesure, le bespoke identitaire. Ils crient comme un seul… homme (cette expression sera très bientôt jugée délictueuse) à la suite de Jean-Paul Sartre : « L’homme se fait, il n’est pas tout fait d’abord… ».

Parce qu’il n’y a pas à ressembler à une image politiquement commode qui précéderait notre venue au monde, il s’agit désormais de traquer le moindre indice « non-ceci » ou « non-cela » en matière de sexuation psychique pour affiner notre « genration » (Je crois que le mot n’a pas encore été proposé).

OK ! Mais alors, et dans un autre domaine, quid de celles et ceux (ou ceuxles) qui ont toujours éprouvé un malaise face aux méthodes dissertatives qu’ont leur présentait comme la seule façon de penser ? Quid de ceux à qui l’ont reprochait une trop grande imagination ?

Ici je parle pour moi. Je ne me suis jamais senti « cis-philosophe » et encore moins « cis-mondain ». Bien au contraire, je me suis récemment rendu compte qu’en ces domaines, j’étais plutôt « trans » depuis toujours.

Mais il est vrai que Montessori, Freinet, Steiner ont depuis longtemps pris acte d’une certaine catégorie d’élèves (d’apprenants), tandis que Peter Salovey et John Mayer ont depuis longtemps théorisé l’existence d’une intelligence émotionnelle, alors…

Non décidément, il ne restait qu’un seul bastion à assiégier.

© Thierry Aymès

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