
Qui pourra dire, comme au bon vieux temps, que les doubles initiales portent bonheur ?
Non plus cet humoriste que le destin le plus funeste a récemment jeté en pâture aux gémonies médiatiques en même temps qu’il y expédia plus inexplicablement quatre personnes innocentes dont l’une était sur le point de naître.
Qu’il soit coupable ne fait aucun doute. Mais coupable de quoi ? Et n’est-il QUE coupable ?
En tout premier lieu, convenons qu’il est coupable d’avoir été faible lorsqu’il se trouva aux prises avec une célébrité fulgurante. D’avoir succomber aux charmes des sirènes show-businessiennes dont on sait depuis longtemps l’amour des substances illégales et des pratiques sexuelles les plus discutables. Coupable d’avoir été très vite le champ d’un conflit sexuelo-identaire délétère, et qu’il put sans doute assumer grâce aux rencontres qu’il fit très vite une fois propulsé dans la lumière. Coupable, d’avoir cru qu’il serait plus fort qu’une certaine Blanche qui commença par le divertir avant de l’anéantir. Coupable de s’être pris pour ce qu’il n’était pas, à savoir un demi-dieu qui, à défaut d’être beau, était drôle, intelligent et riche. Coupable d’avoir été orgueilleux et con.
Mais qui ne l’a jamais été ?
En l’occurrence, un certain galiléen pourrait nous aider à tempérer nos ardeurs accusatrices.
Une femme adultère fut condamnée à la lapidation par les intégristes de son époque. Il la libéra de ses incriminateurs en une seule phrase : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! »
Le message est on ne peut plus clair : nous sommes tous coupables. Il nous suffit de nous inspecter avec honnêteté pour convenir que nous avons eu le plus souvent de la chance. Chance de n’avoir pas été pris au volant en état d’ébriété. Les plus anciens comprendront.
Ce sont d’ailleurs les hommes âgés qui, les premiers, renoncèrent à caillasser la pécheresse.
Bien sûr, il est aisé de penser de la sorte lorsque l’on n’est pas directement concerné par pareil crime. Convenons-en. Serions-nous de la famille des victimes, le pardon nous serait plus ardu.
Mais, en l’occurrence, le coupable qui fait actuellement l’objet d’une chasse acharnée, après l’avoir été de lui-même, n’est-il pas victime des intégristes médiatiques, des pharisiens, des hypocrites obsènes en mal de sensationnalisme grassement rémunérable ? Et demandons-le avec force, le milieu du show-business, récemment élargi à la sphère politique et sportive (voire désormais à tout le monde), ne devrait-il pas s’occuper de la poutre qui est plantée dans son oeil ?
Il ne s’agit pas d’acquitter Monsieur P.P ; ce ne serait pas justice. Il ne s’agit pas de l’affranchir en faisant de son statut de « vedette » une raison suffisante pour ce faire… Mais il ne s’agit pas non plus de faire de ce même statut une manne miraculeuse. Sa croix sera lourde à porter jusqu’à la fin de sa vie. Être coupable de la mort d’un enfant à naître et du handicap perpétuel de deux autres personnes lui sera une horreur ad aeternam.
® Thierry Aymès
NOTA BENE : Le tableau est de Eero Järnefelt (1863-1937) et se trouve l’église Saint-Pierre dans la ville de Lieto en Finlande.