LES SANS-DENTS D’HOLLANDE ET D’AILLEURS…

Vos compositions musicales sont trop sophistiquées et vos paroles trop profondes ? Vous êtes trop artiste ? Les livres que vous écrivez ne sont pas sans qualité, mais ils sont inclassables ? Quant à vos idées, quels que soient leurs azimuts, elles ne correspondent pas à ce que les éditeurs attendent aujourd’hui ? Pour finir, tout ce que vous proposez fonctionnerait bien mieux si vous habitiez à Paris ou Los Angeles. Et caetera.

Vous êtes sempiternellement confronté(e)s aux mêmes invitations à simplifier vos productions en direction d’un public supposé imbécile, pressé ou à l’autre bout du monde.

Les spin doctors* ne sont-ils pas désormais au pouvoir avec leur idéologie débilitante sous couvert d’altruisme. Bien sûr que si ! Et depuis longtemps. Edward Bernays en sait quelque chose qui doit tout son savoir-faire (Know how) à son oncle qui n’était autre que Sigmund Freud.

À les en croire, les poèmes d’Arthur Rimbaud ou René Char ne seraient pas suffisamment généreux en ce qu’ils ne se rendent pas accessibles à tout le monde. Sans doute faudrait-il leur préférer Grand corps malade ou Slimane.

C’est alors que les romans prennent plus et plus des allures de scénarii, voire de synopsis, orientés qu’ils sont d’emblée vers une mise-en-film initialement espérée. C’est ainsi que les citations tiennent à ce jour lieu d’ouvrages sur tous les réseaux. C’est à ce titre que les jeux d’aujourd’hui quels qu’ils soient doivent être « ambiancés », « easy playing » et non plus « prise de tête ».

Désormais, Tout doit être calibré, polissé, usiné, mis en boîte, prémâché, abrégé, facile, dans le but exclusif de satisfaire toujours plus une gent innombrable, hypothétiquement inapte à recevoir autre chose que du « prêt-à-aimer » tel qu’édicté par le Marché au sommet de sa gloire.

Les humains n’auraient-ils plus de dents, ni même d’estomacs ? Ne seraient-ils donc plus que des tubes digestifs badigeonnés d’huile de paraffine et destinés à ne plus recevoir que de la bouillie de foin ? De la bouche à l’anus ? À moins que ce ne soit en sans inverse… Ligne directe.

Sans doute pouvez-vous répondre par vous-mêmes à cette question.

Et ne craignez pas d’être amers ! Il y a de quoi. Allez même jusqu’à vous déterminer à faire oeuvre de cette amertume-là. Les sirènes de Seligman et de sa pensée positive n’ont-elles pas pour finir des allures de totalitarisme ? Avez-vous jamais été de ce monde ? Non ! Au fond, vous ne le croyez pas.

* Les experts en manipulation d’opinion.

© Thierry Aymès

POM-POM BOYS

Alors que, par envie et sans honte, je me retrouvai face à cette émission (que je ne nommerai finalement pas) truffée de pubs plus agressives les unes que les autres, ne voilà-t-y pas qu’une éclaircie tout aussi violente vient une fois de plus tenter de me wokiser.

La machine américano-idéologique était en route

Une dizaine d’hommes, ventripotents et ordinaires, investissaient la scène, pompons rouges à la main et s’empressaient de nous faire entendre une voix non-binaire à la gloire du mélange non-identifiable des genres et de la tolérance tous azimuts.

Eussent-ils étaient dotés d’une virtuosité minimale que leur laïus introductif eût sans doute été rétrospectivement plus efficace…

À la fin de leur prestation, l’un d’entre eux, un barbu à lunettes dont on eût pu penser qu’il était un « homme » (au sens classique), crut bon d’ajouter que leur objectif n’était pas d’être des athlètes performants, mais de se proposer tels qu’ils étaient, mous et désynchronisés, autrement dit sans dispositions particulières pour l’exercice auquel ils venaient de se livrer.

Ce à quoi le juré québécois de service a répondu en substance qu’apparemment l’on pouvait être porteur d’un discours pertinent, d’une idée louable (bien que très tendance) et, dans un même temps, être totalement dépourvu d’intérêt.

Dans le milieu du spectacle, Dieu merci ! On ne vient toujours pas « comme on est », mais ça ne saurait tarder.

© Thierry Aymès

UN CACHE-MISÈRE

Avoir beaucoup de vocabulaire pour dire quoi ? Si vous n’avez rien à dire, que vous ayez peu ou beaucoup de vocabulaire à votre actif, ne fait aucune différence et les mots, qu’on se le dise, ne prendront jamais la parole à votre place. De même en musique, sans doute est-il moins important de multiplier les acrobaties harmoniques que de dérouler un discours mélodique personnel. Trop de musiciens ne jouent qu’avec ce qu’ils savent et trop peu avec ce qu’ils sont. L’érudition est le plus souvent le cache-misère de la pauvreté intérieure.

© Thierry Aymès

AUDE SAPERE*

« Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa “minorité” dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsabl,e puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. E. Kant, Qu’est-ce que les Lumières ?, 1784.. »

Effectivement, il faut oser penser par soi-même. Quand on s’imagine que toutes les réponses à toutes les questions sont dans un livre, quel qu’il soit, il semble évident que la peur de se tromper, de se risquer, de vivre en responsable, soit à l’origine de cette conviction. Il ne s’agit, dans le meilleur des cas, que d’un manque de maturité que Kant nommerait « manque de majorité ».

Être majeur, c’est être capable de penser par soi-même. Le fanatisme est le symptôme d’une peur d’être soi, la peur d’être un sujet responsable de ses choix. Le fanatique est un enfant qui a peur de s’aventurer hors des bras de son père. Il a peur de naître.

© Thierry Aymès

* Locution latine signifiant littéralement « Ose savoir ! », mais cette injonction est plus couramment traduite par « Ose penser par toi-même » Elle est connue pour être la devise du siècle des Lumières.

LA NUIT À VENIR

Il y aura moins d’amoureux… Beaucoup moins. Certains résisteront, la plupart périront. Trop de lois tue la loi ! La faute à qui ? La faute à quoi ? La drague politicienne, les bassins communautaires… La tentation des atomes sociaux, les individus… Ces exceptions qui infirment la règle… La mise au diapason d’un orchestre sans musiciens, l’effacement du peuple…

Je, moi, pas toi, parce que Je, moi, pas toi. Le tout au nom de l’amour , au nom de l’autre, toujours plus idéal… Plus irréel.

Se taire ou bien penser, Right-thinking, se terrer ou bien faire, Rightmaking… Ne plus oser respirer, No-breathing.

Bientôt les sourires payants, les amants asphyxiés, le délit du désir, le crime des élans, les « bonjours! » périlleux, la flicaille jusque dans le lit… Jusque dans les chiottes, jusque dans la tête. Le doigt sur la gâchette, le chronomètre à la main, calculs, comptages, chiffrages, statistiques… Au nom de la liberté, la quantité.

Entendez-vous le bruit des bottes ? Sentez-vous l’odeur des corps exsangues ? Devinez-vous le goût des machines ? La nuit à venir, larme à l’oeil et menton tremblant ?

© Thierry Aymès

L’ÉVANGILE DANS UN SANDWICH

L’individu n’est désormais qu’un mythe au service du marché.

Hier soir dans le petit village d’Eygalières en Provence, l’excellentissime quartet Psophos au cœur même de l’atelier du non moins talentueux plasticien Francis Guerrier m’a littéralement enchanté. J’en suis sorti plus que jamais convaincu.

De Ravel à Debussy et de Debussy à Ravel, j’ai entendu de la musique, de la vraie.

Je sais… Depuis longtemps la mode n’est plus à la comparaison et cette interdiction fait en tout premier lieu le beurre des marchands. Chez McDonald’s, venez comme vous êtes, on ne vous juge pas, pourvu que vous dépensiez une somme d’argent chez nous. L’Évangile dans un sandwich.

À une époque où Jul remplit les stades et où chacun s’autoproclame de mille façons « valeur absolue » du bon goût, comment ne pas s’inquiéter de l’état de notre société.

Depuis longtemps, les philosophes du Marché sont parvenus à leur fin. Dès les années 60, sans doute ne devinaient-ils pas qu’ils étaient au service de la plus vaste escroquerie qui soit, alors que, le menton tremblant, ils criaient à l’égalité tous azimuts. Ils rêvaient d’horizontalité, conspuaient les verticales, les hiérarchies au nom du peuple. Où sont-ils aujourd’hui ? Je vous laisse le deviner.

Croyez-vous vraiment qu’il n’existe aucun degré qualitatif entre « danser le mia » et interpréter une chorégraphie de Merce Cunningham, Pina Bausch ou Akram Khan ? Pensez-vous sérieusement qu’entre eux ne peuvent être faites que des différences interdisant tout jugement comparatif ?   

Pour ma part, je ne le pense pas.

Dans ma voiture, alors que nous retournions chez moi, à mon ami qui soutenait haut et fort qu’il n’était pas possible de comparer Jul à Ravel ou Debussy, je répondis ceci :

– Et pourquoi pas ? Ne sont-ils pas tous deux des musiciens ? Te viendrait-il à l’esprit de dire qu’une personne venant d’ouvrir une boîte de conserve pour faire réchauffer son contenu au micro-onde est un cuisiner au même titre que feu Paul Bocuse ,Thierry Mars ou Anne-Sophie Pic ?

Il ne sut quoi répondre mis à part : « Ça n’est pas comparable ! ».

Décidément !

Le débat est ouvert.

© Thierry Aymès

OYEZ, BRAVES GENS !

Ne vous y trompez pas ; pour être un « psy » sérieux et honnête, il ne faut pas avoir besoin d’argent. Être financièrement à l’aise ou avoir une autre source de revenus fiables est très sincèrement souhaitable.

N’écoutez pas celles et ceux qui vous disent qu’ils ne touchent pas terre, tellement ils travaillent. Bien sûr, il existe des cabinets qui fonctionnent très bien, mais dans la plupart des cas, ce n’est pas la réalité.

Dès lors, comment ne pas douter de tel professionnel qui vous invite avec plus ou moins de fermeté à venir le voir, au minimum, une fois par semaine (de préférence, 2 ou 3 fois) et vous soulage à coup sûr de 60 euros par séance, tandis qu’il n’est évidemment pas en mesure de vous promettre quel que résultat que ce soit, ni le moment où, idéalement, ce résultat pourrait avoir lieu ?

N’est-il pas en effet dans l’intérêt de celles et ceux qui débutent dans cette profession, et n’ont que ces rentrées d’argent pour vivre, de vous inciter à venir le plus fréquemment et le plus longtemps possible ? Vous êtes à  tout le moins autorisé(e) à vous poser la question.

Mais soyez certains que seule votre détermination à travailler sur vous sera la garantie de votre mieux-être…

Pour ma part, j’ai opté, depuis presque 3 ans, pour une petite patientelle et permet aux personnes qui frappent à ma porte de régler la somme qu’elles peuvent en fonction de leurs moyens financiers. Je ne leur impose pas non plus, une durée de séance ou une fréquence. Ainsi sont-elles radicalement responsabilisées en étant d’emblée contraintes à évaluer l’urgence de leur état de santé psychique.  

L’argent, ainsi que le rapport que l’on peut entretenir avec lui, a été très largement théorisé par la psychanalyse qui en a fait l’un de ses outils incontournables.

Très humblement, je ne partage pas ce point de vue et m’en explique plus largement dans mon livre intitulé : « La médéanimie ».

Multiste assumé, pluri-indisciplinaire revendiqué, je ne cherche pas à m’enrichir, seulement à aider les personnes qui me font confiance.

Tel : 06 72 74 92 88

À CELLE QUI EST PASSÉE

Je n’en dirai que ce qui suit et qui me semble suffisant pour comprendre que ce temps fut une épreuve, fertile, mais épuisante. Ce matin même ce souvenir me revint fortuitement via mon ordinateur et l’indocile logiciel qui me le proposa. J’adore ces histoires d’amour… D’une simplicité exemplaire.

Elle m’avait demandé :

1/ Pour quelle raison crois-tu m’aimer ?

Je lui avais répondu par écrit :

Au risque de te décevoir, je répondrai en philosophe.  C’est à cette altitude que je pense être dans le vrai.  La trivialité des sentiments et l’approximation de leur expression quotidienne ne m’a jamais paru souhaitable. Michel Onfray (que tu apprécies) ne démentirait probablement pas ce que je m’apprête à t’écrire sans savoir ce qu’au final il en sera vraiment. J’ai bien l’intuition de ce qui pourrait émerger, mais une intuition est informelle et s’actualise toujours dans un discours avec son lot de surprises que l’on doit viser si l’on tient à penser avec sérieux ; et le sérieux lorgne, à mon sens, du côté de l’ « essence vive ».

Dire « Je t’aime » suppose une foi en un « Je » que par commodité nous identifions le plus souvent au « Moi » psychologique, en un « Toi » qui est son pendant analogique et « altéré » (c’est-à-dire « supposé de l’autre côté ») et enfin en un amour en l’occurrence « verbalisé » (Se peut-il d’ailleurs que l’amour soit autre qu’un verbe ?  Peut-être même est-il le Verbe dont il est question dans l’Evangile de Jean 1-1 : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était tourné vers Dieu. » 

De ces trois énigmes nous faisant communément une évidence, un va-de-soi commode au bavardage ; au vide articulé.  Malheureusement, aucune d’entre elles ne m’est une certitude. 

Si je fais le métier que je fais aujourd’hui, et si j’ai été professeur de philosophie pendant 19 ans et cheminé sur les routes musiciennes quelques années  plus tôt, c’est qu’à mes yeux, rien ne va de soi, que tout nécessite un éclaircissement (dans la mesure du possible).

Je ne sais par conséquent pas qui Tu es, ni qui Je suis, ni ce qu’est réellement Aimer.

Tu es originellement mouvante comme moi-même et seuls certains de nos traits psychologiques, le plus souvent nos traits névrotico-psychologiques, nous garantissent une identité, ou plus exactement une répétition-identifiante  dont j’ai maintes fois perçu l’Au-delà.

Qui es-tu donc ?

En premier lieu, une obstruction… Tout un chacun en est une ; c’est-à-dire qu’en tant que ton identité névrotico-psychologique s’interpose entre Qui tu es vraiment et moi-même je ne te vois que très rarement comme il m’arrive de te deviner.

Et qui suis-je donc ?

Cette même obstruction, avec sa couleur propre et qui répond aux mêmes critères. Tu ne me vois que très rarement comme tu me devines peut-être.

Que je t’aime me paraître être une évidence, si l’on entend par là que je te suis « attaché ».  Mais nos parts obstructives s’entrechoquent fréquemment et compromettent notre liaison depuis toujours.  C’est un peu comme si chacun frappait à la porte de l’autre dans l’espoir qu’il lui ouvre et le laisse entrer chez lui, derrière son IDP (permets-moi cet acronyme). Et s’il m’est souvent arrivé de « prendre » la tienne, il semblerait qu’à la manière du lézard qui voit sa queue repousser, les portes renaissent également ; elles sont « phéniciennes » ; alors j’y tape.

En tant que prof de français, le mot « liaison » devrait t’intéresser comme il m’intéresse.  En sanscrit, il se dit : « Sandhi » et se définit comme suit : Modification phonétique qui se produit à la frontière entre deux mots dans un énoncé… Cette altération des mots suppose une consonne terminale et une voyelle commençante.  Il ne s’agit pas de chercher à savoir qui de nous deux est la consonne ou la voyelle, chacun des deux mots contigus porte la transformation, autrement appelée métaplasme. C’est ainsi que le tronçon de phrase : « Les amants » se décompose en « Lez » et « zamants ».

Dans une paire humaine, quelle qu’elle soit, chacun se voit modifié par l’autre, à moins que chacun ne tienne furieusement à son IDP, à certaines convictions ou quelques avis arrêtés qui peuvent en faire office…

Tout ce qui est figé figure la mort, et, comme tu le sais, je n’aime pas la mort.  Non pas celle qui est censé mettre fin à notre voyage terrestre, mais celle qui nous coagule dans les habitudes et les paroles vides, alors même que nous avons les yeux ouverts… Encore.

Nous ne serons « en liaison » que le jour où, ayant vaincu cette pseudo-identité (IDP), nous laisserons souffler le vent qui vient de l’Origine.  C’est à la périphérie que nous nous heurtons, au pourtour que nous étincelons d’un éclat électrique qui se doit tout entier à notre orgueil, tandis qu’Au-dedans patiente l’Au-delà du Principe d’aimer.

Comme tu le sais, comme tu le dis, « être attaché », n’est pas désirable ; mieux vaut consentir à la liaison qui nous altère à peine, suffisamment pour qu’une union se fasse pourtant.

Je suis donc attaché aux deux Toi(s).  L’un est névrotique, figé et l’autre, pressentant qu’un soleil qui ne brûle pas éclaire en amont, fait chaque jour quelques pas dans sa direction. L’une est déjà belle et l’autre encore plus. J’y  suis donc attaché dans l’espoir d’être un jour « en liaison » avec « la bleue », la femme bleue, la nomade et qu’une altération saine me protège contre le danger d’une gangrène existentielle et spirituelle…

© Thierry Aymès

PÈRE GILBERT

Après avoir lu un livre signé par Guy Gilbert, j’ai eu une discussion avec un membre de ma famille au sujet du genre humain. Nous ne sommes pas tout à fait tombés d’accord.

Alors que sa vision est pessimiste et n’envisage l’avenir que comme une répétition infinie de ce qui fut, à savoir une succession de guerres et, dans le meilleur des cas comme un entremêlement indépassable d’amour et de haine, je pense pour ma part qu’au-delà des faits,  il est depuis longtemps des femmes et des hommes comme des graines d’humains qui finiront par être majoritaires. On en trouve dans toutes les religions, mais aussi en philosophie et ailleurs, dans l’anonymat le plus total, plus ou moins actifs, plus ou moins prosélytes.

Guy Gilbert est une graine parmi tant d’autres. J’ai aimé le retrouver. Des années que je ne l’avais plus lu. Il est le signe de l’homme qui vient. Mais l’humain en chacun de nous, tel qu’il le sait en route n’est sans doute pas encore pour demain. Il faut imaginer l’histoire de cet avènement sur un temps long, et l’on peut aisément comprendre l’impatience de certains qui souhaiteraient qu’il se presse un peu à une époque où le temps et l’espace rétrécissent comme une peau de chagrin.

Patience donc ! La pulsion animale, toujours elle, l’instinct de conservation, le désir de nous perpétuer dans une progéniture, et les traits psychologiques qui découlent de cette réalité, nous tiennent encore prisonniers… Pour longtemps ; mais il n’est pas écrit que ce qui fut sera toujours, qu’Eros et Thanatos n’en finiront jamais d’être tour à tour vainqueurs ou que Freud avait raison lorsqu’il le croyait.

© Thierry Aymès

L’ALLIÉE

Le malheur vient de ce que nombreuses sont les personnes qui confondent l’amour-passion avec l’amour. 

On reconnaît l’amour-passion à ce qu’il devient le plus souvent au bout de quelques temps.  L’amour-passion se transforme alors en haine-passion, à l’exception de quelques rares personnes qui parviennent à temporaliser la fulgurance et la verticalité effractive de leurs sentiments, c’est-à-dire à tenir leur coeur jusque dans le reflux, la confiscation par la réalité de l’autre, de leur imaginaire.

Les faits sont accablants. De nos jours,  la réalité socio-économique corrode cruellement le lien amoureux en multipliant les propositions, en objectivant les rencontres, en sollicitant plus et plus chacun de nous au niveau du ventre, de la pulsion.

La société de consommation serait-elle substantiellement l’alliée privilégiée de la passion amoureuse telle que je viens de la décrire sommairement ?  Je le pense.

© Thierry Aymès