
EXTRAIT DE SON LIVRE INTITULÉ « LA MÉDÉANIMIE »
Préambule
Cela faisait de nombreuses semaines qu’un désir montait en moi, inexpugnablement, et c’est contre l’avis de toutes les personnes auxquelles j’ai parlé de mon projet, que je me suis résolu malgré tout à prendre le maquis (ce qui, par ailleurs, est plutôt logique pour un méridional), quitte à être très vite aux prises avec la profusion d’une végétation que l’on n’aperçoit guère que lorsque l’on se risque à quitter toutes sortes d’autoroutes consensuelles et rassurantes. La période de confinement que nous venons de traverser m’y aura sans doute aidé. Je sais que je ne regretterai pas ma décision. Il s’agit d’être cohérent et de joindre les actes à la parole. Nous sommes le 26 avril 2020 à 10 heures.

Il semble acquis depuis des années que les séances « psy » doivent avoir un prix « élevé » selon beaucoup d’entre nous et ne s’adresser de fait qu’à une tranche sociale… Plutôt aisée. Aucune prise en charge par la Sécurité sociale, à moins que l’on n’aille consulter un psychiatre/psychanalyste qui consentira contre la déontologie freudienne à vous donner une ordonnance en fin de séance de sorte que celle-ci ne vous coûte rien ; à moins également que l’on ne se décide à aller rendre visite à un salarié spécialiste des problèmes mentaux dans le Centre Médico-Psychologique du coin…
J’ai donc sauté le pas et me suis pris à penser qu’un nouveau mot devait être forgé pour désigner une posture psycho-soignante libertaire dont la spécificité serait avant toute chose de laisser les patients décider du prix des séances en fonction de leurs moyens financiers, de leurs fréquences ainsi que de leurs durées. C’est ainsi que naquit la « médéanimie ».
POUR INFORMATION : Le SMIC horaire net est aujourd’hui fixé à 7,82 euros (mai 2020).
Spécificité de la posture
Avant toute chose la médéanimie est donc une prise de position politique et citoyenne en désaccord avec le commerce grandissant des thérapies psychiques en vigueur (450 environ) dont le prix ne permet pas à la grande majorité d’entre nous de les envisager. Or, la santé mentale ne doit pas être un commerce, pas plus que les êtres humains ne doivent pouvoir être envisagés comme des marchandises.
De la psychanalyse à la lithothérapie en passant par la constellation familiale ou autres PNL, nous pouvons de nos jours « acheter » en e-learning ou en présentiel bon nombre de compétences psychothérapeutiques, pour peu que l’on en ait les moyens, et voir dans chacune de ces techniques la clef universelle d’à peu près tous les maux. Il vous faudra cependant dépenser en moyenne 5 000 euros pour obtenir le plus petit sésame.
C’est à l’issue de formations multiples que de plus en plus de personnes munies d’un certificat obtenu parfois en une poignée de week-ends décident de s’installer en tant que praticiens.
Ne nous y trompons pas, le marché « psy » prospère et fait le beurre d’amateurs sans vocation, ni maturité en dévalorisant une discipline qui devrait être avant tout soucieuse de justice et d’humanité. La marchandisation des techniques de remise en santé mentale « dévalorise » en effet par le biais évident d’une « démoralisation » ; entendons par là qu’à trop considérer la dimension financière on finit toujours par rater celle de l’humain.
Pour paraphraser une célèbre phrase du très décrié Louis-Ferdinand Céline, nous pensons que de nos jours, plus que jamais « La ferveur non-feinte pour l’altruisme est ce qui manque le plus, effroyablement ». Et si, selon le même auteur, « Le gratuit seul est divin », nous sommes convaincus que la justice sociale l’est également.
S’il est incontestable qu’une thérapie « psychique » doit être payante dans la mesure où son strict bénévolat lui ferait courir le risque de se transformer incontinent en une discussion de comptoir sans résultats véritables, n’est-il pas inconvenant qu’un prix unique soit pratiqué par l’ensemble des professionnels (50 à 60 euros la séance de 50 minutes), alors qu’une Aide-Soignante (par exemple) dont on connaît le mérite gagne environ 8 fois moins ?
Quand on sait qu’un rythme d’une séance par semaine est généralement requis pendant plusieurs mois si l’on tient à faire parvenir son patient à un mieux-être flagrant, il apparaît que la somme finale établit de fait une sélection au sein de la population et que seules les personnes ayant un salaire confortable peuvent y accéder.
C’est avec cette injustice que le positionnement médéanimique veut en finir.
Il est bien sûr tout à fait louable de vouloir gagner sa vie et de subvenir aux besoins qu’une vie sociale et responsable implique, mais il l’est beaucoup moins de chercher à s’enrichir (ou presque) sur le dos des personnes en souffrance psychique.
Pour cette raison majeure, chacune des séances des médéanimistes verra son tarif et sa durée établis par le consultant lui-même en fonction de ses moyens financiers, de sorte que ce dernier puisse à peu près sereinement envisager un traitement de ce type.